FAMILLE
DELLARD
Le premier Dellard dont
j’ai un extrait de baptême presque illisible, est daté de 1764. Ce Dellard Pierre était tisserand au Vert, commune de Carnac-Rouffiac. Il eut un fils, Jean-Pierre Dellard, tisserand également. Dellard
Louis, mon grand-père maternel, faisait le commerce des moutons et était
agriculteur. Il avait été mobilisé à la guerre de 14-18 à la poudrerie de
Toulouse, trop âgé pour aller au front. Il revint malade et le resta toute sa
vie. Son caractère difficile, son état impotent, mais aussi sa forte stature
résistèrent à la maladie jusqu’au 13 novembre 1938. Dellard
Louis épousa Angèle Rajeaud. Elle avait 16 ans. Elle
était née aux « Mespoules », commune de Saint-Caprais. Ils eurent 4 enfants : Amélie, André,
Alice et Robert.
Ma grand-mère Angèle avait un frère qui se maria aux
Arques, commune de Cazals. J’ai connu sa belle-sœur
et son fils, Camille Rajeaud. Il était employé des
Ponts et Chaussées. La famille de Camille Rajeaud
compte 7 enfants, ce sont des cousins au second degré : André, qui était
lieutenant pilote de chasse et qui est mort à la guerre de Corée, puis
Juliette, Odette, Jeannot, Simone, Jean-Claude et Viviane, dispersés par leur
situation à l’exception de Jeannot et de son épouse Pierrette en retraite aux
Arques.
Ma grand-mère Angèle dut
quitter sa maison du Vert et se placer comme employée de service à l’école des
métiers de Souillac afin de payer les études de Robert qui y était entré. Il
fut reçu maçon-sculpteur-tailleur de pierre. Ils
prirent un petit appartement à Cahors, place Rousseau. Ma grand-mère continua
ainsi à travailler et put héberger son fils dans ses
débuts. Il fit son service militaire à Clermont-Ferrand mais, celui-ci à peine
terminé, il fut mobilisé pour 39-40. Angèle revint ici auprès de sa fille
Amélie et du mari de celle-ci, Frédéric durant la guerre. Robert fut tué dans
les premières batailles, le 14 mai 1940, mais les nouvelles ne parvenant pas,
Angèle espérait qu’il était prisonnier. Cette attente dura plusieurs années
jusqu'à ce qu’elle reçoive officiellement l’avis mortuaire. Sa santé se
détériora rapidement et elle nous quitta le 25 avril 1944. Sa vie avait été
rude et difficile. La première guerre lui rendit un mari infirme et la seconde
lui prit un fils. Elle avait 61 ans, ce fut pour moi mon premier deuil et ma
première peine, je l’aimais tant. Elle avait toujours des paroles douces et
encourageantes.
· Dellard André, né au Vert le 28 février 1905 épousa Germaine
Brousse de « Maniserre » au Scambous (commune de Prayssac),
et entra dans la maison de sa femme. Ils eurent 2 filles Jeannette et Jeanine. Jeannette épousa Roger Labro
près de Prayssac, ils ont eu 2 fils : Pierrot,
marié, 2 enfants, employé SNCF et Francis, célibataire, dans le monde du
spectacle. Roger Labro est décédé en septembre 1996 à
l’âge de 68 ans. Jeanine épousa Yves Borredon de Montlauzun. Ils
eurent 3 enfants : Marie-jo, divorcée Mabire avec 2 enfants Guillaume et Aude, Babé, célibataire, professeur d’université, dans la
recherche et Bernard, agriculteur sur l’exploitation paternelle, marié avec
Christine, ils ont un enfant Maël, 6 ans.
· Dellard Alice, troisième enfant Dellard,
épousa Edouard Vincent de Combeplane (commune de Carnac-Rouffiac). Elle entra dans la maison de son mari à
l’âge de 15 ans. Ils n’eurent pas d’enfant. Edouard est décédé le 20 janvier
1990. Alice vit à Sauzet dans un confortable logement
et a fêté allègrement ses 85 ans.
· Dellard Robert, quatrième enfant Dellard
est né le 2 mai 1918. Il fut tué à la guerre de 39-40 en Belgique, il avait 22
ans.
· Dellard Amélie était l’aînée de la famille Dellard.
Elle ne ressemblait en rien à sa mère Angèle. Forte de physique et de
caractère, elle était bonne cuisinière, femme d’intérieur et avait le sens des
affaires. Elle aimait les animaux et élevait une basse-cour bien fournie :
poules, poulets, lapins, 2 cochons pour la consommation familiale, remplacés
par des porcelets pour la truffe dont elle aimait la recherche, puis des
grosses oies de Toulouse qu’elle amenait au gavage et qui donnait de beaux
foies gras pour les réceptions.
Avec mon père, il formait un
couple disproportionné. Maman approchait les 100 kilos, elle était grande et
brune. Papa était de petite taille, très brun et paraissait menu mais était
cependant très rude au travail.
Mon père aimait le travail bien fait. Sa
passion était la vigne. De retour de la guerre de 14-18 où il fut prisonnier,
il dut acheter le terrain pour planter les trois
hectares de vigne appelées l’enclos. Je me souviens
des grands trous qu’il creusait à la pioche, dans ma petite enfance, et où je
mettais innocemment une branche qui allait devenir 3 ans plus tard un plant de
vigne. Quelle patience par rapport à aujourd’hui ! Il était instruit pour
son temps, il avait le certificat d’étude. A son retour de guerre, il parlait
presque l’allemand. Lorsque j’étais écolière, il me faisait réciter mes leçons,
assez sévèrement d’ailleurs. Il aimait parcourir mes livres, surtout
l’histoire. Il y avait toujours un journal quotidien à la maison. Il fit
l’achat du premier poste de radio pendant la guerre, après 1940, pour écouter radio-Londres et le général de Gaulle. Plus tard, il voulut
la télévision pour les élections du général de Gaulle en 1958. Il avait été
conseiller municipal pendant de nombreuses années et s’intéressait à la
politique.
Je vis le jour en cette
maison le 22 mars 1925. J’allais à l’école à Bovila
avec gamelle, livre, galoche et tablier noir par tous les temps. Nous nous rencontrions avec les autres enfants du village, entre
autre les Testini qui étaient 4. Dès que j’eus mon
certificat d’étude à 12 ans, mon père m’initia à tous les travaux des champs,
faute de garçon à la maison. Puis les années me faisant grandir, la destinée me
fit rencontrer Jean Ruamps qui devint mon mari. Il
était né à Rouillac, commune de Montcuq. Il venait de terminer son service
militaire à Barèges, dans les Pyrénées dans ce que l’on appelait à l’époque le
camp de jeunesse. Un soir de bal clandestin, il me raccompagna sous la
surveillance bien entendu de mon oncle et ma tante Vincent. Il voulut me revoir
et nos rencontres se terminèrent par le mariage le 19 septembre 1943 en cette
maison et en l’église de Mascayrolles pour le
meilleur et bientôt pour le pire, comme je l’ai déjà raconté. Nous avions alors
lui 22 ans et moi 18 ans et demi.