PAYSAGE DE MON ENFANCE

 Notre famille *** Notre maison *** Les traditions *** La vie des champs *** La guerre *** Notre vie

 

Tout au fond d’un vallon entre les collines, une église au clocher pointu, un presbytère et un vieux manoir ont donné à notre commune le nom de Fargues. Un peu plus loin dans une sorte de cuvette, une autre église, plus petite, son presbytère et son cimetière mais aussi des maisons dispersées tout autour qui forment Farguettes ; presque au centre de la commune, un mamelon  où se dresse une église, plusieurs maisons se serrent autour de l’ancienne école, devenue la mairie et la deuxième école devenue salle des fêtes sont celles où j’ai appris mon peu d’instruction jusqu'à l’âge de douze ans. Il en a été de même pour les générations avant moi, ainsi que pour mes enfants.

De petits hameaux forment notre commune ; celui où je suis née s’appelle Mascayrolles. Une source coule discrètement dans le vallon, elle a depuis des générations alimenté le village en eau potable et pour tout autre usage, aussi c’était évidemment un lieu de rencontre de tous les habitants. Un peu plus loin, se dresse fièrement notre petite église avec son cimetière. Elle a marqué tous les événements de la vie de notre famille, heureux ou malheureux et pour moi, le baptême, les communions, le mariage ainsi que nos noces d’or.

Surplombant ce petit vallon, une dizaine de maisons a abrité des familles nombreuses aujourd’hui disparues ou dispersées. Nous ne sommes plus que quatre habitants à demeure qui plus est retraités.

 

Notre maison     ********************************************   Les traditions

 

Le paysage a bien changé depuis ma toute jeunesse, planté à 80 % en vignes de consommation courante, le Cahors n’étant pas encore « labellisé ». Le vin était le principal revenu de presque toute la commune et à 100 % pour notre village. Avant la mécanisation actuelle, la période des vendanges mettait le village en effervescence. Cuves et barriques étaient revues et préparées, des équipes de jeunes vendangeurs se déployaient dans les vignes, et les chants, les rires, les histoires drôles en étaient le côté agréable. Tout ce monde était logé et nourri pendant environ quinze jours. La vinification se faisait dans les cuves en bois et il fallait régulièrement rentrer dedans pour piétiner la vendange afin qu’elle ne se pique. C’était très dangereux. Ensuite, on coulait le vin dans les barriques ; notre cuve était la plus grande du village et on sortait cinquante barrique d’un vin léger aux environs de 9 à 10 degrés. Ensuite venait le pressage : il fallait remplir le pressoir de marc et je devais souvent rentrer dedans pour tasser. Puis avec la longue barre de fer, un peu haute et lourde pour moi, on actionnait le serrage ; le vin coulait avec sa mousse rouge et son odeur âpre.

J’ai encore le souvenir de la pompe à bras qui m’attendait au retour de l’école mais j’étais fière de mon humble participation.

 

La vie des champs ************************************************* La guerre      

 

 Déjà, les jours se faisaient plus courts et plus froid. Le matin, je me hâtais avec ma gamelle et mes livres dans un modeste sac de toile vers l’école. Le bon vieux poêle en fonte, allumé par l’un de nous, répandait une chaleur bien appréciée et réchauffait nos gamelles. Ainsi, nous rentrions dans l’hiver. A cette époque pas de télévision bien sûr, mais un poste de radio pour les plus riches permettant de diffuser les informations nationales dans le village et ceci au cours de soirée chez l’un ou l’autre. Les hommes disputaient des parties de cartes, les femmes souvent faisaient les crêpes, quelquefois la polenta, le tout dégusté avec du vin nouveau, ou vin chaud bien corsé. Lorsque la neige faisait son apparition, la campagne semblait s’être endormi, le froid était vif, la marche difficile pour les soins aux animaux car il fallait porter l’eau avec les seaux. La cheminée était garnie de grosses bûches mais seule la cuisine était chauffée, les chambres étaient de véritables frigos. => Notre vie

 

Mon père aimait marcher dans la neige ; avec un gros bâton, il suivait la trace de quelques petits gibiers. Avec le voisin, ils allaient aussi chasser les petits oiseaux avec la lanterne, mais tout ceci était hors la loi. Les femmes se cantonnaient aux travaux de couture et la cuisine était réduite au minimum. Le soir venu, ma mère allumait la lampe à pétrole placé dans une suspension avec un abat-jour en porcelaine blanche. On n’y voyait pas beaucoup, pourtant, nos grand-mères faisaient de beaux ouvrages au crochet. En 1936, l’électricité vint nous éclairer, c’était aveuglant, quelle innovation ! On rangea lampes et chandeliers sur l’étagère de la cheminée. Ils représentent aujourd’hui des souvenirs. L’électricité changea la vie de nos maisons, elle permit des commodités et nous assure aujourd’hui le confort.

 

Notre famille